Artiste belge
Née à São Paulo en 1978
Vit et travaille à Bruxelles
Dona' Gillon prône une approche ludique et intuitive de ses oeuvres, qui cachent en réalité des thématiques plus subtiles et profondes. Au travers de ses couleurs et de son rapport spatio-temporel à la surface, elle nous fait redécouvrir un univers onirique à la frontière entre abstraction et figuration, entre visible et invisible.
La clef de lecture de l’oeuvre de Dona’ Gillon est la couche. Au sein d’une pratique éclectique, ces oeuvres peuvent au premier abord sembler n’évoquer que des sujets enfantins et naïfs. Mais ce sont des lectures superposées qui s’offrent à nous : dans la matérialité de l’oeuvre et dans la symbolique qui l’entoure. Quand les sujets ludiques et légers cachent en réalité des thèmes bien plus profonds et sombres, c’est parfois la matière elle-même qui vient recouvrir ou taire le sujet antérieur. Cette pratique d’empilement des couches trouve deux origines chez l’artiste. Il s’agit des deux versants indissociables de son travail et de son observation du monde: la matière et l’immatière, qu’elle aime qualifier de « visible et d’invisible ». Quand la matière - le visible - s’exprime par la technique et le médium employé, la symbolique du mur ou de la surface reste omniprésente.
mur
Les murs fascinent l’artiste depuis l'enfance : ils traduisent par leurs épaisseurs une certaine forme de temporalité, une existence vécue. L'artiste accorde une attention toute particulière aux fissures, ces parties vulnérables de la surface qui nous dévoilent une temporalité antérieure,une réalité passée. Elle s’y plonge pour y dérober des éléments du réel et pour le ré-imaginer. Le support participe souvent à ce rapport au mur par l’emploi du format paysage qui vient faire écho aux propriétés physiques du mur.
temporalité
On retrouve très souvent dans ses tableaux, de petits traits suspendus à l’horizon, parfois associés à des gouttes de pluies. Il s’agit de « marqueurs de temps ». À la manière des prisonniers contraints à leur cellule, Dona’ Gillon matérialise cette autre réalité du temps - la contrainte - par des traits à double sens. Entre oppression et délivrance, entre visible et invisible, entre joie et tristesse : c’est à leur convergence que vous trouverez l’univers ambivalent de Dona’ Gillon. Le trait se fait alors un élément de langage central conservant une large part performative. La gestuelle est sollicitée au même titre que les action painting de W. De Kooning ou que les gestes spontanés de J.-M. Basquiat.
Dona’ Gillon cherche le « point de rupture » du trait : cet équilibre parfait entre l’intensité, la délicatesse et le caractère inachevé du dessin, tel Egon Schiele. En plus du geste, la performance est signifiée par le médium employé. La temporalité est de nouveau intégrée par l’utilisation de l’acrylique qui témoigne d’une spontanéité du geste. De même que le temps qui passe et laisse une trace indélébile. Finalement, le paysage du futur ne devrait-il pas être imparfait lui aussi ? Le monde de demain ne devrait-il pas être ce « point de rupture », ce juste équilibre libéré des carcans du perfectionnisme, libéré des injonctions de notre société ?
obsessions physiques & limites
L’expérimentation de l’écriture automatique de ses débuts s’est transformé en un langage symbolique et gestuel. De l’annotation spontanée, elle passe à un langage complexifié de l’existence vécue que l’on peut qualifier de narratif et de compulsif, tout en naviguant entre univers céleste et spiritualité. Le travail de la couche traduit en effet une certaine forme de transcendance de la douleur. Ce combat face à la souffrance l’invite à modeler la réalité à sa volonté. Cette force de caractère se retrouve également dans la gestuelle liée à la création de ses peintures. Dona’ Gillon peint à même le sol, en tournant autour de la toile, faisant de ses épisodes de contraintes physiques une liberté créatrice.
vie
La couleur est mise en tension. C’est un contraste visuel permanent qui se joue au sein des peintures. Ces tons vifs et parfois acidulés dégagent une énergie très spéciale et dénotent le plus souvent du reste de la toile. C’est une réelle mise en mouvement du sujet ou de la figure. Donnant ainsi vie à certains éléments du tableau, d’un paysage, qui s’apparentaient dans un premier temps à la nature morte. La couleur est pour Dona’ Gillon indissociable de sa vision du monde de demain. Elle est la solution à la morosité en permettant une dissolution des frontières matérielles et immatérielles par un jeu optique.
& mort
La pratique du collage évoque à nouveau la question du temps. C’est à partir de ces morceaux de papiers peints que débute une réflexion existentielle sur le temps. Elle conserve ces petits bouts d’existence parfois plusieurs années pour réussir à les cerner, avant de trouver avec justesse comment les placer dans son œuvre. Ils sont, au même titre que les figures, une forme de vanité pour l’artiste. Une évocation de la vie et de la mort. Ces mémentos mori se veulent résolument ambigus : ils flottent dans l'atmosphère de l’œuvre pour n’être ni mort, ni vivants. Ils ne sont ni visibles, ni complètement invisibles en se fondant au reste de la composition ou du paysage.
une expression spatiale à la frontière du performatif
La question du volume est pour Dona’ Gillon particulièrement importante pour ce qu’il renferme : l’espace et le temps. C’est une triangulation centrale de son travail qu’elle interprète le plus souvent par le jeu entre ces éléments. Elle résout la métaphore spatiotemporelle par un positionnement marqué face à la perspective. En se libérant des codes picturaux, elle réinvente une atmosphère aérienne, un monde ancré à la croisée de l’espace et du temps, qui peut être envisagé comme un monde futur idéal. Un monde imparfait à la fois protecteur et enveloppant, sans être geôlier.
L’œuvre de Dona’ Gillon nous offre une lecture tridimensionnelle que l’on peut qualifier d’architecturale. Les différents niveaux d’interprétation permettent des projections dans l’espace physique ainsi que dans l’espace de la conscience comparable au Fluxus. En donnant l’opportunité au spectateur de réinterpréter son œuvre de façon infinie, les peintures de l'artiste nous dévoilent successivement différentes couches d’expressions, de la matérialité visible à l'impalpable perspective. La lecture de son œuvre tient en une spatialité sans bornes. L'espace ne cesse de déborder de la toile et atterrit dans l’horizon de sa peinture.
Bien que les étendues représentées par Dona' Gillon dans ses œuvres soient visibles, elles inondent l’espace du réel et deviennent ainsi individuelles à chaque spectateur, en s’intimisant dans la conscience de chacun. C’est une peinture hors du temps qui émerge de cette pratique, tenant à la fois de la performance et de la contemplation. Ces bulles ou capsules temporelles se font les témoins d’un passé et d’un futur en ne représentant jamais autre chose qu’un présent qui nous échappe déjà.
Artiste belge, née en 1978 à São Paulo, Dona' Gillon passe une enfance heureuse en Espagne. C'est probablement de ses souvenirs que Dona' se nourrit encore dans son processus créatif.
Désireuse de développer sa sensibilité artistique, Dona' Gillon entreprend des études à l'école supérieure des Arts de l'Image “Le 75” à Bruxelles, lieu d'échange et de recherche. Durant son cursus, en vue de compléter son approche pour la peinture, elle explore différentes voies comme la photo, la gravure ainsi que la sérigraphie. Elle décide rapidement d'organiser un atelier avec six amis artistes pour encourager une émulation créatrice.
Des problèmes de santé la rattrapent et la forcent au repos. Lors de ce qu'elle décrit comme "sa vie entre parenthèses", elle développe un autre rapport au temps qui sera une constante dans son œuvre. L'artiste s'accroche à une vision optimiste de ce qui l'entoure pour se connecter à son monde intérieur.
Sa démarche est instinctive : le flash d'une émotion lui fait prendre ses pinceaux, sans idée précise de ce que cela va devenir. Elle retranscrit petit à petit cette sensation, ce souvenir à travers une superposition de couches picturales dont le changement ou l'absence de perspective sont les conséquences d'une autre vision, malléable selon son ressenti comme si elle jouait avec l'espace-temps.
Le monde pictural de Dona' Gillon repose sur ses expérimentations sensorielles et visuelles, mais aussi et surtout sur son expérience intérieure qui prend forme sur la toile grâce à une transposition de couleurs et de formes. Son univers est peuplé d'émotions et de sensations intactes qui se retrouvent dans une peinture dominée par la sensibilité. A travers ces traits sensibles et fragiles, son œuvre évoque la découverte et l'émerveillement d'une aventure.
Son art, coloré et chaleureux est le reflet de sa personnalité, doux mélange d'art brut et d'art naïf. Ses compositions planes restent malgré tout dynamiques : entre formes figuratives et agencement libre de couleurs, la peinture devient une histoire dont le déroulement peut être vécu dans la contemplation du tableau. Les titres de ses œuvres, volontairement énigmatiques et teintés d'humour, permettent d'orienter le regard vers certaines zones du tableau censées accueillir la figure indiquée. L'observation du spectateur devient alors un parcours, une véritable quête de sens qui l'invite à ne pas s'arrêter à la première lecture et à s'imprégner de la peinture.
Le support joue également un rôle important en tant qu'acteur dans la construction et l'équilibre du tableau. Attirée par des matières qui ont leur vécu, l'artiste manie régulièrement des supports de récupération comme des planches en bois ou d'anciens papiers-peints et bouts de papiers, mais travaille également la toile en mixant différentes techniques picturales.
Les grands formats lui conviennent particulièrement pour laisser libre cours au geste, au mouvement, au rythme qui sont des notions fondamentales dans son travail, car éléments constitutifs d'une histoire. Action Painting sur le plan formel, elle en délaisse pourtant le dramatisme. Si elle peint au sol, c'est pour mieux déverser ses idées : cela lui permet de tourner autour de la toile, d'avoir plusieurs points de vue et lui assure un côté inconfortable qui la force à se dépasser.
S'il fallait définir son style, on pourrait le qualifier de figuratif à tendance abstraite. Les objets quotidiens sont élevés au rang de sujet pictural. Basquiat et Picasso l'inspirent, Twombly la touche, mais Dona' Gillon ne s'identifie directement à aucun d'entre eux. Elle se détache volontiers des courants pour tenter de garder une vision pure en dehors des normes esthétiques convenues. Son art découle de l'expérience spontanée, et non du fruit d'une recherche systématique, ne revendiquant aucune référence transcendantale.
Dona' Gillon, artiste d'intuition, entend susciter l'émotion chez le spectateur. Son travail ne s'appréhende pas d'un seul coup d'œil : c'est une invitation à prendre son temps, à voyager et à laisser ses émotions enfouies remonter à la surface. Entre rêve et réalité, entre abstraction et figuration, par la contemplation de son œuvre, on découvre avec bonheur que la peinture est aussi faite de poésie.
Artiste belge née à São Paulo en 1978
Vit et travaille à Bruxelles
Dona' Gillon prône une approche ludique et intuitive de ses œuvres, qui cachent en réalité des thématiques plus subtiles et profondes. Au travers de ses couleurs et de son rapport spatio-temporel à la surface, elle nous fait redécouvrir un univers onirique à la frontière entre abstraction et figuration, entre visible et invisible.
La clef de lecture de l’oeuvre de Dona’ Gillon est la couche. Au sein d’une pratique éclectique, ces oeuvres peuvent au premier abord sembler n’évoquer que des sujets enfantins et naïfs. Mais ce sont des lectures superposées qui s’offrent à nous : dans la matérialité de l’oeuvre et dans la symbolique qui l’entoure. Quand les sujets ludiques et légers cachent en réalité des thèmes bien plus profonds et sombres, c’est parfois la matière elle-même qui vient recouvrir ou taire le sujet antérieur. Cette pratique d’empilement des couches trouve deux origines chez l’artiste. Il s’agit des deux versants indissociables de son travail et de son observation du monde: la matière et l’immatière, qu’elle aime qualifier de « visible et d’invisible ». Quand la matière - le visible - s’exprime par la technique et le médium employé, la symbolique du mur ou de la surface reste omniprésente.
mur
Les murs fascinent l’artiste depuis l'enfance : ils traduisent par leurs épaisseurs une certaine forme de temporalité, une existence vécue. L'artiste accorde une attention toute particulière aux fissures, ces parties vulnérables de la surface qui nous dévoilent une temporalité antérieure,une réalité passée. Elle s’y plonge pour y dérober des éléments du réel et pour le ré-imaginer. Le support participe souvent à ce rapport au mur par l’emploi du format paysage qui vient faire écho aux propriétés physiques du mur.
temporalité
On retrouve très souvent dans ses tableaux, de petits traits suspendus à l’horizon, parfois associés à des gouttes de pluies. Il s’agit de « marqueurs de temps ». À la manière des prisonniers contraints à leur cellule, Dona’ Gillon matérialise cette autre réalité du temps - la contrainte - par des traits à double sens. Entre oppression et délivrance, entre visible et invisible, entre joie et tristesse : c’est à leur convergence que vous trouverez l’univers ambivalent de Dona’ Gillon. Le trait se fait alors un élément de langage central conservant une large part performative. La gestuelle est sollicitée au même titre que les action painting de W. De Kooning ou que les gestes spontanés de J.-M. Basquiat.
Dona’ Gillon cherche le « point de rupture » du trait : cet équilibre parfait entre l’intensité, la délicatesse et le caractère inachevé du dessin, tel Egon Schiele. En plus du geste, la performance est signifiée par le médium employé. La temporalité est de nouveau intégrée par l’utilisation de l’acrylique qui témoigne d’une spontanéité du geste. De même que le temps qui passe et laisse une trace indélébile. Finalement, le paysage du futur ne devrait-il pas être imparfait lui aussi ? Le monde de demain ne devrait-il pas être ce « point de rupture », ce juste équilibre libéré des carcans du perfectionnisme, libéré des injonctions de notre société ?
obsessions physiques & limites
L’expérimentation de l’écriture automatique de ses débuts s’est transformé en un langage symbolique et gestuel. De l’annotation spontanée, elle passe à un langage complexifié de l’existence vécue que l’on peut qualifier de narratif et de compulsif, tout en naviguant entre univers céleste et spiritualité. Le travail de la couche traduit en effet une certaine forme de transcendance de la douleur. Ce combat face à la souffrance l’invite à modeler la réalité à sa volonté. Cette force de caractère se retrouve également dans la gestuelle liée à la création de ses peintures. Dona’ Gillon peint à même le sol, en tournant autour de la toile, faisant de ses épisodes de contraintes physiques une liberté créatrice.
vie
La couleur est mise en tension. C’est un contraste visuel permanent qui se joue au sein des peintures. Ces tons vifs et parfois acidulés dégagent une énergie très spéciale et dénotent le plus souvent du reste de la toile. C’est une réelle mise en mouvement du sujet ou de la figure. Donnant ainsi vie à certains éléments du tableau, d’un paysage, qui s’apparentaient dans un premier temps à la nature morte. La couleur est pour Dona’ Gillon indissociable de sa vision du monde de demain. Elle est la solution à la morosité en permettant une dissolution des frontières matérielles et immatérielles par un jeu optique.
& mort
La pratique du collage évoque à nouveau la question du temps. C’est à partir de ces morceaux de papiers peints que débute une réflexion existentielle sur le temps. Elle conserve ces petits bouts d’existence parfois plusieurs années pour réussir à les cerner, avant de trouver avec justesse comment les placer dans son œuvre. Ils sont, au même titre que les figures, une forme de vanité pour l’artiste. Une évocation de la vie et de la mort. Ces mémentos mori se veulent résolument ambigus : ils flottent dans l'atmosphère de l’œuvre pour n’être ni mort, ni vivants. Ils ne sont ni visibles, ni complètement invisibles en se fondant au reste de la composition ou du paysage.
une expression spatiale à la frontière du performatif
La question du volume est pour Dona’ Gillon particulièrement importante pour ce qu’il renferme : l’espace et le temps. C’est une triangulation centrale de son travail qu’elle interprète le plus souvent par le jeu entre ces éléments. Elle résout la métaphore spatiotemporelle par un positionnement marqué face à la perspective. En se libérant des codes picturaux, elle réinvente une atmosphère aérienne, un monde ancré à la croisée de l’espace et du temps, qui peut être envisagé comme un monde futur idéal. Un monde imparfait à la fois protecteur et enveloppant, sans être geôlier.
L’œuvre de Dona’ Gillon nous offre une lecture tridimensionnelle que l’on peut qualifier d’architecturale. Les différents niveaux d’interprétation permettent des projections dans l’espace physique ainsi que dans l’espace de la conscience comparable au Fluxus. En donnant l’opportunité au spectateur de réinterpréter son œuvre de façon infinie, les peintures de l'artiste nous dévoilent successivement différentes couches d’expressions, de la matérialité visible à l'impalpable perspective. La lecture de son œuvre tient en une spatialité sans bornes. L'espace ne cesse de déborder de la toile et atterrit dans l’horizon de sa peinture.
Bien que les étendues représentées par Dona' Gillon dans ses œuvres soient visibles, elles inondent l’espace du réel et deviennent ainsi individuelles à chaque spectateur, en s’intimisant dans la conscience de chacun. C’est une peinture hors du temps qui émerge de cette pratique, tenant à la fois de la performance et de la contemplation. Ces bulles ou capsules temporelles se font les témoins d’un passé et d’un futur en ne représentant jamais autre chose qu’un présent qui nous échappe déjà.
Artiste belge, née en 1978 à São Paulo, Dona' Gillon passe une enfance heureuse en Espagne. C'est probablement de ses souvenirs que Dona' se nourrit encore dans son processus créatif.
Désireuse de développer sa sensibilité artistique, Dona' Gillon entreprend des études à l'école supérieure des Arts de l'Image “Le 75” à Bruxelles, lieu d'échange et de recherche. Durant son cursus, en vue de compléter son approche pour la peinture, elle explore différentes voies comme la photo, la gravure ainsi que la sérigraphie. Elle décide rapidement d'organiser un atelier avec six amis artistes pour encourager une émulation créatrice.
Des problèmes de santé la rattrapent et la forcent au repos. Lors de ce qu'elle décrit comme "sa vie entre parenthèses", elle développe un autre rapport au temps qui sera une constante dans son œuvre. L'artiste s'accroche à une vision optimiste de ce qui l'entoure pour se connecter à son monde intérieur.
Sa démarche est instinctive : le flash d'une émotion lui fait prendre ses pinceaux, sans idée précise de ce que cela va devenir. Elle retranscrit petit à petit cette sensation, ce souvenir à travers une superposition de couches picturales dont le changement ou l'absence de perspective sont les conséquences d'une autre vision, malléable selon son ressenti comme si elle jouait avec l'espace-temps.
Le monde pictural de Dona' Gillon repose sur ses expérimentations sensorielles et visuelles, mais aussi et surtout sur son expérience intérieure qui prend forme sur la toile grâce à une transposition de couleurs et de formes. Son univers est peuplé d'émotions et de sensations intactes qui se retrouvent dans une peinture dominée par la sensibilité. A travers ces traits sensibles et fragiles, son œuvre évoque la découverte et l'émerveillement d'une aventure.
Son art, coloré et chaleureux est le reflet de sa personnalité, doux mélange d'art brut et d'art naïf. Ses compositions planes restent malgré tout dynamiques : entre formes figuratives et agencement libre de couleurs, la peinture devient une histoire dont le déroulement peut être vécu dans la contemplation du tableau. Les titres de ses œuvres, volontairement énigmatiques et teintés d'humour, permettent d'orienter le regard vers certaines zones du tableau censées accueillir la figure indiquée. L'observation du spectateur devient alors un parcours, une véritable quête de sens qui l'invite à ne pas s'arrêter à la première lecture et à s'imprégner de la peinture.
Le support joue également un rôle important en tant qu'acteur dans la construction et l'équilibre du tableau. Attirée par des matières qui ont leur vécu, l'artiste manie régulièrement des supports de récupération comme des planches en bois ou d'anciens papiers-peints et bouts de papiers, mais travaille également la toile en mixant différentes techniques picturales.
Les grands formats lui conviennent particulièrement pour laisser libre cours au geste, au mouvement, au rythme qui sont des notions fondamentales dans son travail, car éléments constitutifs d'une histoire. Action Painting sur le plan formel, elle en délaisse pourtant le dramatisme. Si elle peint au sol, c'est pour mieux déverser ses idées : cela lui permet de tourner autour de la toile, d'avoir plusieurs points de vue et lui assure un côté inconfortable qui la force à se dépasser.
S'il fallait définir son style, on pourrait le qualifier de figuratif à tendance abstraite. Les objets quotidiens sont élevés au rang de sujet pictural. Basquiat et Picasso l'inspirent, Twombly la touche, mais Dona' Gillon ne s'identifie directement à aucun d'entre eux. Elle se détache volontiers des courants pour tenter de garder une vision pure en dehors des normes esthétiques convenues. Son art découle de l'expérience spontanée, et non du fruit d'une recherche systématique, ne revendiquant aucune référence transcendantale.
Dona' Gillon, artiste d'intuition, entend susciter l'émotion chez le spectateur. Son travail ne s'appréhende pas d'un seul coup d'œil : c'est une invitation à prendre son temps, à voyager et à laisser ses émotions enfouies remonter à la surface. Entre rêve et réalité, entre abstraction et figuration, par la contemplation de son œuvre, on découvre avec bonheur que la peinture est aussi faite de poésie.